Parcours Sherlock™ : orienter et engager les élèves grâce au Serious Game

Donner corps au mot : quand la main tisse le sens

Donner corps au mot : quand la main tisse le sens et l'expérience
Expérimenter la complexité par le geste, l'observation et la coopération
En entretien, une question pouvait me faire perdre tous mes moyens. Maintenant, je sais que j’ai une méthode pour retomber sur mes pieds.
Témoignage d'une personne à l'issue du Parcours Sherlock™
Il y a des mots que l’on comprend et perçoit mieux lorsqu’on les tient entre les doigts, ou creux de la main.
Dans le Parcours Sherlock™, il est possible d'observer ce phénomène récurrent : à l’instant où le compagnon saisit un jeton – support matériel d’un mot ou d’une idée – quelque chose, dans son esprit, modifie subtilement son rapport au langage.

En effet, ce n’est plus un mot abstrait, flottant dans l’esprit et détaché du réel que la personne tente de manipuler mentalement ; c’est un objet posé à la vu. Un poids, un toucher, une texture, une couleur, et avec cela, un ancrage corrélé qui apporte à l'esprit un sentiment objectif de quelque chose existant.
PS 01
Moi, qui ai toujours voulu passer en dernier, j’ai été la première à prendre la parole pour présenter mon talent. 
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La main donne corps à l'idée
La taille, la matière, le toucher des jetons et des cartes ont un effet immédiat sur les capacités de la personne. Si la prise est trop difficile – jeton trop grand (> 4,5 cms), inconfort de la matière – le cerveau va associer ce malaise tactile à une gêne cognitive : l’idée devient floue, distante, voire désagréable. À l'inverse, si le jeton est trop petit, l'esprit associe la taille et sa sensation dans la main comme ayant peu de valeur. 
Si au contraire, le jeton, les cartes sont doux, adaptés à la main (≈ 4,5 cms), et qu’ils portent une illustration dont le tracé correspond à la signification exacte du mot, il est possible d'observer un phénomène d’appropriation presque instantané.

Ce phénomène modifie par influence, le sentiment de "confiance en soi". Ce dernier en effet devient positif. La personne commence à avoir foi en elle (cum- ; fidere). La répétition de l'exercice combinée à l'expérience de relier les mots aux réalisations et au projet "épaissit" cette foi, c'est-à-dire la manière dont la mémoire pose une empreinte durable sur l'esprit.
La personne tient le mot. Elle ne le pense pas seulement. Elle le sent.

Cette observation rejoint ce que les neurosciences confirment : le lien entre motricité fine et langage n’est pas accessoire. Il est structurel. Les zones qui commandent la main, celles qui orchestrent la parole, coopèrent. Le geste soutient l’énonciation. Il la précède parfois.
Dans l’Étape 2 du Parcours Sherlock™, ce passage du mot à l’objet – et de l’objet à l’expression – joue un rôle décisif. Le compagnon commence à relier sans s'en rendre compte, ce qu’il perçoit, ce qu’il ressent et ce qu’il peut dire.

En effet, la personne apprend à identifier les jetons où sont écrits les verbes primitifs (nommés communément "compétence"). Le tracé du mot est associé au tracé des illustrations mais aussi à leur couleur et à la texture du jeton, puis, au métier ou au talent rédigé sur le post-it par la personne.

Le processus qui relie le signe au sens se poursuit en mobilisant la mémoire de la personne de sorte que celle-ci associe sensoriellement et cognitivement ses réalisations au verbe écrit sur le jeton.

Il est possible d'observer, en particulier chez des personnes éloignées de l'emploi, ou ayant un parcours scolaire difficile, une appropriation rapide et favorable. Le fait que cet apprentissage puisse se faire sans que l'enseignement soit apporté par un professionnel (et par conséquent une figure de type hiérarchique) conditionne de manière durable l'appropriation heureux par la personne.
Elle a appris "toute seule", en fonction de ce qui lui est utile.
Rituel de fin : remise du Jeton Sherlock
Rituel de fin : remise du Jeton Sherlock
Yves Richez
Je regardais des offres d’emploi, et dès qu’il y avait un mot que je ne connaissais pas, je passais à autre chose en me disant : “Je ne sais pas faire ça.” Aujourd’hui, je réalise que j’ai des compétences transférables.
Témoignage d'une personne à l'issue du Parcours Sherlock™
Entendre l'autre pour s'entendre et s'écouter
Ce qui suit est tout aussi révélateur : ce n’est pas le compagnon qui lit la signification du verbe dans le dictionnaire associé au jeu. C’est un autre compagnon. Il s'établit ce que l'on nomme communément, une coopération (cum- ; opera) : ils font de manière conjointe quelque chose.
C'est ce "faire conjointement" qui scelle a la fois la confiance, mais aussi, une amitié, une connivence, une entraide ; c'est un lien d'humanité essentiel qui se tisse entre les compagnons.

Lorsqu'un compagnon lit à un autre le sens du mot, ses synonymes il permet à l'autre de soulager la charge mentale. Il n’y a plus à justifier, à interpréter, à se débattre avec l’idée, à essayer de comprendre seul dans sa tête. Le son donné au mot est écouté, vu de l’extérieur alors que le regard se porte sur le jeton, sur le post-it, sur une représentation physique du talent apporté (une réalisation, une production, etc.)

Le compagnon concerné n'a pas à se sentir "faillir" ou à faire "deux choses en même temps", bien difficile au demeurant, comprendre le sens du mot et tenter de valider si ce sens concorde avec ce qu'il pense faire.
Dictionnaire des Verbes d'action (Etape 2 et 3)
Dictionnaire des Verbes d'action (Etape 2 et 3)
YR
Roue météo, rituel d'ouverture
Roue météo, rituel d'ouverture
YR
Dans cette dynamique coopérative, de co-écoute, de co-observation une part de l’effort cognitif est déléguée à l'autre. C'est ici un acte d'entraîde essentiel.
La compréhension est co-produite. Elle soulage autant qu'elle fluidifie le processus d'apprentissage. La parole de l’autre devient une fenêtre.
Elle nous montre notre mot autrement.

Toutefois, les autres compagnons ne sont pas en reste. Ils collaborent en identifiant de leur côté les verbes que le compagnon-joueur n'aurait pas vu, ou pas identifié. La dynamique collaborative-coopérative densifie, séquence après séquence, la connaissance autant que la confiance chez la personne.
Il y a une vraie connivence. On avance ensemble. Et quand l’un progresse, ça pousse les autres à oser aussi. 
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Placer le jeton et la carte pour penser
Quand le geste aide à penser

Enfin, vient le moment du placement des jetons : le compagnon positionne son jeton sur un plateau, aux côtés d’autres jetons déjà en place. Ce geste, simple en apparence, déclenche une dynamique tout à fait différente. Il ne s’agit plus de comprendre un mot, mais de le relier aux autres, eux-mêmes reliés au métier ou au talent réalisé. Le processus en apparence anodin et simple, révèle une sédimentation positive de la mémoire : c'est-à-dire, une mémoire sans obstruction, ni tension émotionnelle associée.

C’est là que la notion de complexité (complexus, fait d'éléments imbriqués) prend tout son sens. Non pas dans un effort d'abstraction analytique, mais dans un acte spatial, visuel et relationnel (qui lie entre, qui donne structure). Poser un mot entre deux autres, reliés par un tracé, c’est leur faire dire quelque chose ensemble qui fait sens et qui donne sens.
C’est reconnaître qu’ils coexistent, qu’ils s’interpénètrent, qu’ils rendent visibles quelque chose dans la réalité. En nommant, reliant, associant les verbes après les avoir pris au creux de la main, penser (peser, apprécier, évaluer) les nuances, les distinctions entre eux, en décidant de choisir plutôt que l'autre, la personne apprend l'acte de penser et de décider par le simple geste de poser le jeton sur le plateau.

Cette action de corrélation propre aux Étapes 2 et 3 du Parcours Sherlock™, permet d’expérimenter et de se réapproprier la pensée complexe sans jamais analyser le mot. L'analyse, en effet, est déléguée aux autres compagnons de jeu, la personne, elle, tisse les liens dynamiques entre toutes les pièces, sa mémoire et un futur qui devient progressivement une réalité possible.
Le compagnon pratique le "complexe" sans avoir à passer par une abstraction analytique, source de charge mentale ici inutile.
Roue des Verbes d'action : nommer & documenter son métier, ses talents
Roue des Verbes d'action : nommer & documenter son métier, ses talents
YR
Le jeu nous pousse à nous concentrer sur ce qui fonctionne, pas sur ce qui ne va pas. C’est libérateur. 
Témoignage d'une personne à l'issue du Parcours Sherlock™
Penser avec la main, ressentir et percevoir avec le mot
Le mot, à la fois son et perception du réel

L'observation réalisée tant que sémio-anthropologue depuis plusieurs années se confirme à chaque session de jeu. Il ne suffit pas de lire un mot ou d'étudier son étymologie pour se l'approprier, pour cela, il faut que la main connaisse un mouvement conscient qui lie le mot (ici le signe) à l'objet et à la mémoire vécue. En d'autres termes : le tenir, l’écouter, le relier à l'objet, le poser à sa bonne place.
Ce processus participe à élaborer une cartographie mnémonique pour l'esprit utile pour la personne.

C’est dans ce tressage – entre le langage, la main, l’espace, l'objet et l’autre – que se densifie la confiance. Non une confiance abstraite, mais une assurance solide, épaissie par la répétition et les corrélations heureuses : ce mot signifie "ça" pour moi, je le tiens, je le relie, je le mémorise, je le vois, je le fais miens.

Donner "corps au mot" n'est donc pas qu'une métaphore, c'est la cohérence (au sens propre) qui s'opère grâce au processus expérimenté par les compagnons grâce à leur collaboration, leur coopération et l'émulation collective. De là, l'expérience qui prévaut au simple vécu. On peut en effet avoir un vécu du jeu sans en retirer de l'expérience. Avec Parcours Sherlock™, chaque compagnon acquiert l'expérience utile et nécessaire grâce auquel "Un nouveau monde s'ouvre".
Ce parcours ouvre un monde. Ce qu’on acquiert ici, on ne peut pas le désapprendre. Ça reste.
Témoignage d'une personne à l'issue du Parcours Sherlock™

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