Documenter un métier avec Parcours Sherlock et ChatGPT

Animer le Serious Game Parcours Sherlock™, une expérience en soi

Par Yves Richez
Ce mercredi 16 et jeudi 17 octobre 2024, six professionnels de la mobilité, de la formation, de la GPEC, des RH, du social de la ville de Saint-Brieuc, ont été les premiers en France à expérimenter le Serious Game Parcours Sherlock™.
Ce Serious Game entraîne un changement de pratique complet ; et franchement, c'est très, très intéressant !
Jean (Conseiller Formation Mobilité)
Le Serious Game Parcours Sherlock™ propose une approche à l'écart des pratiques RH, de la mobilité, du recrutement, de l'insertion professionnelle dites "classiques". Il repense autant qu'il redéfinit en profondeur, la manière dont sont nommés, détectés, valorisés de manière classique les « compétences » et « talents ».
Il s’appuie sur la précision lexicale qu’offre la langue française et la rigueur méthodologique qu'offrent les disciplines de la sémiologie, de l’anthropologie et de la lexicologie afin d'offrir une cartographie de l’esprit simple, claire, et rigoureusement précise.
Jetons des Verbes d'action utilisés dans les Etapes 2 et 3 du Parcours
Jetons des Verbes d'action utilisés dans les Etapes 2 et 3 du Parcours
Yves Richez, tous droits réservés 2024

Le rôle de l'animateur : une posture et un rôle spécifiques

Clairement, animer, ce n'est pas être interventionniste. C'est une vraie différence avec les rôles classiques.
Jean (Conseiller Formation Mobilité)
Animer le Parcours Sherlock™, c’est jouer un rôle central et distinct de celui de formateur, de coach, de mentor, de consultant, d'enseignant, de thérapeute. Son intention n’est ni d'enseigner, ni de guider, de guérir ou de former mais de vitaliser les interactions et de faciliter l’émulation collective de sorte que chaque personne – nommée « Compagnon » - vive l'expérience lui permettant d’élaborer en temps réel son projet, autant que d'épaissir une connaissance utile.

C'est pourquoi le rôle d’animateur, appelé « Maître de l’animation », est signifié par le verbe « animer », c’est-à-dire insuffler une dynamique vitale, tout en restant indifférent (c-a-d, sans opinion ni jugement, sans avis sur ce qui se passe, se dit) ; il est conscient de ne projeter ni ses opinions, ni ses croyances, ni ses modèles personnels, ainsi, être efficient sans être interventionniste.
La posture quant à elle, c'est-à-dire, la position et la place du Maître de l'animation, est une position "non-agissante" - au sens chinois. Le non-agir (wu-wei) désigne la qualité de pouvoir agir au moment approprié, et ne plus rien faire, car ce qui devait l'être la été. C'est donc une posture qui implique une qualité d'observation, de perspicacité, de vivacité et d'habileté.
Au cours des deux jour, les professionnels ont expérimenté ce que le sens primitif du mot "animer" (du latin anima, « souffle vital ») implique comme état et comme action, c'est-à-dire, observateur concentré, l'esprit perspicace et focalisé sur le résultat qu'implique chaque étape. Le verbe "animer", en effet, apporte au rôle d'animateur, d'animatrice, la faculté d'insuffler vie et mouvement, de maintenir l'énergie de chacun et du groupe à travers ses interventions subtiles. C'est pourquoi ils ont été entraînés à observer, à stimuler, à rythmer et à maintenir un environnement pacifié (donc serein) propice à ce que les compagnons apprennent entre eux et par eux-mêmes sans jugement ni préférence.

Respectivement animateur puis joueur, ces professionnels ont expérimenté ce rôle et cette posture spécifique : ni "intervenir", ni« transférer », ni « projeter », sur l’autre ses savoirs, ses sentiments, sur envies, ses convictions, sa volonté d'agir et de "contrôler" le processus, de sorte que le « flux » entre les compagnons soit fluide et potentialisateur.

Quand "la main" enrichit le patrimoine sémantique et façonne la confiance.

J'ai apprécié de manipuler les jetons, les cartes, d'une certaine manière de penser avec les mains. Le fait qu'on soit dans la manipulation physique avec les mains fait que la voix est moins seule, car l'ensemble du corps est engagé.
Caroline (Accompagnatrice Mobilité, RH)
Quelle que soit leur fonction au sein de la fonction territoriale, les professionnels de la grande famille des ressources humaines ont re-découvert une réalité simple mais « puissante », celle que la main et son usage confèrent à l’esprit pour se structurer et s'éclaircir.

Le Parcours Sherlock a été conçu pour que chaque étape entraîne des circuits cérébraux essentiels, notamment l'aire de Geschwind, cruciale dans la mémorisation des mots. Ce dernier en effet connecte les zones du langage, de la motricité et de la compréhension et permet aux Compagnons de se réapproprier toutes les propriétés d’un mot. Le fait de lier le maniement des jetons, des cartes, les gestes concrets à la précision des mots – leur illustration et leur audition par un autre joueur - tout au long des Étapes renforce la faculté du cerveau à corréler les actions et les signes. Ce processus favorise et développe la qualité de lucidité et une objectivité accrues dans l’identification des productions, réalisations, manifestations, etc. amenées par les compagnons lors de l'Etape 1 (talents).

Dans le Parcours Sherlock™, cette relation entre les gestes réalisés et les mots lus par les autres joueurs, alors que le regard du compagnon concerné est concentré sur l’illustration, se manifeste de façon concrète dès la première étape lorsque les joueurs apprennent à caractériser leur talent. Ils utilisent des jetons "familles caractéristiques" et réalisent les regroupements sémantiques spécifiques pour décrire la manière dont leur talent est réalisé, produit, créé.

L’acte gestuel de manipuler les jetons et les cartes, de les relier à ces "familles" permet d’établir un lien tangible entre les mots, leur prononciation, leurs illustrations, et ce qu’ils rendent manifestent de manière concrète.

Cette activité sensorimotrice encouragée en particulier au cours des deux premières étapes du jeu, engage les fonctions linguistiques et motrices du cerveau, ce qui offre aux compagnons une compréhension accrue de ce qu'ils décrivent, quel que soit le niveau scolaire de la personne.
Ainsi, lorsque la personne prononce un mot, elle peut en préciser le sens, l’application concrète et objectiver comment elle s’en sert. C’est de là qu’émerge et se façonne – entre autre – un solide sentiment de « confiance ».

Un autre exemple significatif est celui de la Roue des verbes d’action. Grâce aux jetons "verbes d'action", les joueurs établissent des connexions entre les mots, leurs actions concrètes, et les métiers auxquels leurs significations sont associées. Mieux, ils mémorisent aisément pour les verbes identifiés, ce qu'ils donnent à voir comme information concernant leur action concrète (verbe = état → action → situation, cf. article précédent).
La manipulation, le placement, l’acte de donner et de recevoir les jetons, puis, avec le dictionnaire intégré au jeu, de s’entendre lire à haute voix le sens correct des mots permet aux participants de tisser les liens subtils entre le langage et leurs réalisations professionnelles ou personnelles.

Le geste physique d’associer des verbes d’action à des métiers ou à des talents, renforce l’intégration sensorimotrice ; ce processus enrichit leur patrimoine sémantique de manière active. C’est ici un facteur majeur de confiance (cum- ; fidere), c’est-à-dire l’accroissement et l’intensification du sentiment de foi en « ce que je sais faire ».

Dans l’utilisation des jetons de verbes d’action, les gestes synchronisés avec la parole, la vue et l’oreille, favorisent la mémorisation et la compréhension des mots dont le sens propre s’écarte du sens figuré et général - donc flou. Ils permettent aux joueurs de relier la représentation linguistique d’un verbe et la réalité concrète de sa mise en œuvre dans un métier. Cette dynamique illustre comment le Parcours Sherlock™ permet d’enrichir le répertoire lexical – le patrimoine sémantique - des compagnons en rendant le vocabulaire directement concret et utile par rapport à leurs gestes, à leurs facultés naturelles et à leurs réalisations professionnelles.

Pour en savoir plus sur l'aire de Geschwindcliquez ici
La main ancre la mémoire
Talent : Dessiner les plans de sa maison. Choisir les verbes d'actions permettant la réalisation du talent.
Ce Serious Game est facile à mettre en place dans la GPEC. Très satisfait !
Benoit (Conseiller GPEC Formation)

Parcours Sherlock™, un dispositif soutenu d'une méthode

Les futurs animateurs du serious game ont expérimenté la distinction entre « outil », dispositif et méthode. Ce faisant, ils ont vécu ce sentiment d'inconfort à ce qui échappe à nos habitudes, car l'outil n'est pas ce que l'on en dit. Il y a en effet une habitude ennuyeuse de nommer tout ce qui est extérieur à soi : « outil ».

L’outil est par principe un objet monobloc (une fourchette, un couteau, une clé plate, etc.) qui sert aux arts mécaniques, là où l’instrument, lui, est articulé (une pince multiprise, une paire de lunettes, un métronome etc.). Attribuer le mot « outil » à une méthode, un dispositif, une technique, un dispositif, est inapproprié ; c’est réduire leur dynamique, leur intention et leur usage à un « quelque chose » de monobloc et de mécanique. C'est confondre l'objet et le process.

C’est aussi laisser à penser que, puisque ce n’est qu’un « outil », on peut faire sans ou mieux voire comme d’habitude (dans la routine de nos répétitions quotidiennes). Il y a une forme de présomption (excès de confiance) dans l’idée que ce qui est nommé par le mot « outil » est par principe subordonné à la compétence du professionnel. C’est inexact.

Le propre de l’outil réside dans son usage immédiat, localisé, efficace. Prendre l’outil « marteau » pour taper sur le clou illustre ces conditions. L’outil, ainsi, dépend directement de la dextérité (maniement) et de la compétence (décision d’usage) de son utilisateur. Mais ce faisant, en réduisant toute chose à un outil, le risque d’incompétence s’accroît. Pourquoi ? Parce que le professionnel ne se questionne plus sur sa pratique en elle-même. Puisque l’outil n’est qu’efficace, alors il ne concurrence en rien ce qu'il pense être sa compétence.

Le Serious Game Parcours Sherlock™ n’est donc pas un outil. Il se désigne comme un dispositif (lat. disponere, arranger, ordonner, régler), lui-même pensé comme une méthode (gr. methodos, route, voie, direction qui mène au but). Il peut venir, et ce fut le cas tout ou partie, « challenger » la compétence historique des professionnels.
Le témoignage des professionnels corrobore cela : « C’est une autre manière de penser les activités » Laeticia (assistante sociale).

En tant que :
✔︎ dispositif, Parcours Sherlock™ organise les étapes en ordonnant des actions concrètes, des investigations, des moments d’écriture, de la recherche avec l’IA, des moments de reconnaissance, des temps de partage, etc. ; il y a une gradation dans l’accès à une connaissance pratique et auto-formative. Le propre d’un dispositif est aussi de préparer à un « état d’esprit » : ici, le compagnonnage. Les joueurs et joueuses, en tant que compagnons de voyage, accèdent autant à une forme d’intimité, de partage unique, de soutien, d’encouragement, d’émulation, etc.

✔︎ méthode, Parcours Sherlock™ pose tout ce qu’il faut pour conduire à un but, celui « d’ouvrir de nouveaux mondes » en sachant présenter autant que se présenter. La méthode est processive, le dispositif est organisé.

En effet, les fondamentaux théoriques et pratiques sont en écart avec les classiques ; ce qui vient challenger l’idée générale que « puisque cela ressemble » alors c’est « pareil », pour ne pas dire « identique ».

Les futurs animateurs et animatrices de la ville de Saint-Brieuc ont vécu cet « écart » avec ce qu’ils nommaient « outil », en testant ce que le mot dispositif implique comme organisation du jeu sur la table, avec les compagnons, mais aussi comme état d’esprit. Puis, ils ont 
expérimenté le mot méthode du Parcours, en alternant l’animation et l’expérimentation quasi initiatique du joueur.

Précision des mots, rigueur méthodologique, paradigme distinct des modèles classiques des Sciences humaines et des Sciences de l’Éducation, distinction méthodologique permettent de ressourcer et d’innover sa pratique. 
C'est surprenant de voir qui sort lorsque l'on objective un talent !
Maëlle (Conseillère Mobilité, Formation)
Mockup Mode d emploi livret
Avoir une méthode qui se voit et qui se visualise, cela lève toutes les barrières. En fait, cela va très vite, je suis rassurée. On peut le mettre en pratique.
Héloïse (Chargée de mission transversale RH)
Parcours Sherlock™, un dispositif gamifié soutenu d'une méthode d'auto-formation.
Parcours Sherlock™, un dispositif gamifié soutenu d'une méthode d'auto-formation.
Yves Richez, tous droits réservés 2024
Contexte
SAINT BRIEUC devient la première collectivité française à adopter le Serious Game Parcours Sherlock pour accompagner la reconversion, la mobilité, de ses agents, ainsi que les pratiques des ressources humaines.

En 2024, la Ville de Saint Brieuc a été sélectionnée dans le cadre d’un appel à projets lancé par le Fonds National de Prévention de la CNRACL, destiné à mener des actions pour lutter contre la désinsertion professionnelle. L'objectif de ces financements : éviter la rupture avec le travail et travailler sur une évolution professionnelle.

Documenter un métier avec Parcours Sherlock et ChatGPT